Harcèlement scolaire

Comment reconnaître le harcèlement chez un enfant et l’aider à en parler ? Cet article explique pourquoi certains enfants ne réalisent pas qu’ils sont harcelés et donne des conseils concrets pour les accompagner.

Sarah Simon

2/3/20256 min read

Comprendre et repérer le harcèlement chez les enfants : signes, mécanismes et solutions

Le harcèlement scolaire touche de nombreux enfants et adolescents, mais il reste parfois difficile à identifier. Certains enfants ne réalisent pas qu'ils sont harcelés ou qu'ils en sont témoins. Ils peuvent penser que "c'est juste pour rire" ou que "c'est comme ça". Pourtant, le harcèlement est une réalité qui peut avoir des conséquences graves sur le bien-être et la santé mentale des enfants. Cet article explore les différents aspects du harcèlement, ses mécanismes et comment aider un enfant concerné.

Qu'est-ce que le harcèlement scolaire ?

Le harcèlement scolaire se caractérise par des actes répétés de violence, d'exclusion ou d'humiliation envers un enfant par un ou plusieurs de ses pairs. Il peut être physique, verbal, social ou encore digital via le cyberharcèlement. Ces comportements, souvent minimisés sous prétexte de simples taquineries, provoquent pourtant une souffrance réelle et prolongée chez l'enfant concerné.

Pourquoi certains enfants ne réalisent-ils pas qu’ils sont harcelés ?

Beaucoup d’enfants ont du mal à reconnaître qu’ils sont victimes de harcèlement, et ce n’est pas un hasard. On leur apprend souvent à ne pas se plaindre, à « s’endurcir », à « ne pas faire d’histoires ». Alors, quand ils subissent des moqueries, des exclusions ou des brimades, ils peuvent les percevoir comme une simple fatalité, quelque chose de normal dans les relations entre enfants.

Le manque de prévention joue un rôle clé. Si personne ne leur explique ce qu’est réellement le harcèlement, comment pourraient-ils mettre des mots dessus ? Dans les écoles, on parle parfois du harcèlement comme d’une situation extrême, avec des insultes répétées ou des violences physiques. Mais dans la réalité, il peut être bien plus insidieux : des petites humiliations quotidiennes, des regards qui mettent mal à l’aise, une mise à l’écart progressive… et c’est justement cette subtilité qui le rend difficile à identifier.

Il y a aussi la peur. Peur d’en parler et de ne pas être cru. Peur des représailles si l’on ose dénoncer. Certains enfants pensent même que s’ils sont mis de côté, c’est de leur faute : qu’ils ne sont « pas assez bien », qu’ils doivent s’améliorer pour être acceptés. Ils finissent par croire qu’ils méritent ce qu’ils vivent, et ce silence renforce leur isolement.

Exemple de situation : Jules, 10 ans, est régulièrement exclu des jeux dans la cour. Ses camarades lui disent que "c'est parce qu'il court trop lentement et que ce n'est pas marrant de jouer avec lui". Il ne se plaint pas à ses parents car il pense que "c’est juste comme ça" et qu'il doit faire des efforts pour être accepté. Pourtant, cette exclusion répétée et les moqueries sur ses capacités sportives sont une forme de harcèlement.

Comment aider un enfant à en parler ?

Pour qu’un enfant ose parler du harcèlement qu’il subit ou dont il est témoin, il est essentiel de créer un climat de confiance. Beaucoup d’enfants n’osent pas se confier par peur de ne pas être crus, de subir des représailles ou tout simplement parce qu’ils pensent que ce qu’ils vivent est normal. D’autres ont peur de décevoir leurs parents, de leur faire de la peine ou de provoquer leur colère. Certains s’imaginent qu’en se taisant, ils les protègent. Il est donc crucial de leur montrer qu’ils ont le droit de ressentir du mal-être et qu’ils ne sont pas seuls.

Plutôt que de poser des questions trop directes, mieux vaut aborder le sujet de manière ouverte et bienveillante, par exemple en demandant : "Comment tu te sens à l’école ?", "As-tu déjà vu des enfants se faire embêter régulièrement ?". Ces formulations permettent à l’enfant de parler sans se sentir interrogé ou mis sous pression. Il est aussi essentiel de valider ses émotions et de lui rappeler qu’il n’est jamais responsable de la situation. L’écouter sans minimiser ce qu’il ressent et lui montrer qu’il peut compter sur un adulte bienveillant est un premier pas pour l’aider à s’exprimer.

Dès le plus jeune âge, les enfants doivent être sensibilisés au harcèlement avec des mots adaptés :

🔹 Petits (3-6 ans) : Expliquer qu’on ne doit pas embêter quelqu’un tout le temps et qu’il faut en parler si un copain est souvent triste. À cet âge, ils perçoivent mal la répétition des actes, mais peuvent comprendre que rendre quelqu’un malheureux de façon régulière n’est pas normal.

🔹 Enfants (6-10 ans) : Leur dire que si quelqu’un est insulté, frappé ou exclu régulièrement, ce n’est pas normal et qu’ils peuvent demander de l’aide. Insister sur le fait que parler, ce n’est pas "dénoncer", mais permettre de protéger une personne en difficulté. Leur montrer aussi que leur ressenti compte et qu’ils ne doivent pas attendre d’aller mal pour en parler. Beaucoup craignent de voir leurs parents tristes ou en colère, et il est important de leur rappeler qu’ils ne sont pas responsables des émotions des adultes.

🔹 Ados : Aborder également le cyberharcèlement et le rôle des témoins. À cet âge, la peur du regard des autres et l’envie de ne pas se faire remarquer sont très présentes. Il est donc essentiel de leur rappeler que signaler une situation de harcèlement, ce n’est pas "balancer", mais protéger quelqu’un qui souffre. Certains adolescents n’osent pas en parler à leurs parents de peur de les inquiéter ou de se voir imposer des solutions qu’ils ne souhaitent pas. Leur laisser un espace de parole sans jugement, en leur demandant comment ils aimeraient être aidés, peut faciliter la discussion.

Le rôle des adultes est essentiel : apprendre aux enfants à repérer les signes du harcèlement, leur donner des mots pour exprimer ce qu’ils vivent, et surtout, leur rappeler qu’ils ne sont jamais responsables du rejet ou de la méchanceté des autres. Plus tôt on en parle, plus il sera facile pour eux d’oser dire ce qu’ils traversent.

Comment gérer vos émotions en tant que parent ?

Découvrir que votre enfant est victime de harcèlement suscite souvent un mélange de peur, de culpabilité et de colère. Il est naturel de vouloir réagir immédiatement, mais une approche mesurée et stratégique est plus efficace. Prenez un moment pour accueillir vos propres émotions avant d'agir. Évitez de confronter directement les autres enfants ou les parents impliqués, cela risquerait d'aggraver la situation pour votre enfant.Un bon premier réflexe est de noter les faits précis que votre enfant rapporte, puis de contacter l'équipe éducative de l'école en demandant un rendez-vous. Expliquez calmement la situation et exigez une réponse adaptée. Par ailleurs, encourager votre enfant à retrouver confiance en lui en l'inscrivant à une activité où il se sent valorisé peut aussi être une bonne stratégie.

Que faire si un enfant est victime de harcèlement ?

Si votre enfant est concerné, la première étape est de lui offrir un espace de parole bienveillant, sans jugement. L’écouter, valider ses émotions et lui rappeler qu’il n’est pas responsable de ce qu’il vit sont des éléments essentiels pour l’aider à se sentir soutenu.

Une action rapide auprès de l’école est importante : signaler la situation permet de mettre en place des mesures de protection et d’intervention adaptées. Il peut s’agir d’un dialogue avec l’enseignant, le référent harcèlement ou la direction. Le ministère de l’Éducation nationale a mis en place le programme Phare, inspiré du programme finlandais KiVa, et de La Méthode de Préoccupation Partagée (MPP), créée en Suède dans les années 1970 par le psychologue Anatol Pikas pour prévenir et traiter le harcèlement scolaire.

Dans certains cas, un accompagnement par un professionnel (psychologue, thérapeute) peut être bénéfique pour aider l’enfant à surmonter cette épreuve et retrouver confiance en lui.

Ne pas rester seul face au harcèlement

Un enfant victime de harcèlement ne devrait jamais avoir à traverser cette épreuve seul. En étant attentif, en lui offrant un espace où il peut s’exprimer sans crainte et en réagissant rapidement, il est possible de changer les choses. Si vous avez besoin d’un accompagnement pour savoir comment agir au mieux, vous pouvez prendre rendez-vous via le bouton contact.

Ressources et contacts utiles

📞 3020 – Numéro gratuit pour signaler une situation de harcèlement scolaire.
📱 3018 – Numéro et plateforme pour signaler le cyberharcèlement.

https://www.info.gouv.fr/actualite/harcelement-agressions-violences-trois-numeros-pour-aider-les-enfants-en-danger#:~:text=Le%2030%2020%20%C3%A0%20l,%C3%A9l%C3%A8ves%20harcel%C3%A9s%20%C3%A0%20l'%C3%A9cole&text=Pour%20les%20%C3%A9couter%2C%20les%20orienter,9h%20%C3%A0%2018h%20le%20samedi.


💻 Non au harcèlement – Site officiel du gouvernement avec des conseils et ressources.

https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement

Les méthodes pour lutter contre le harcèlement scolaire :

https://www.youtube.com/watch?v=ATrNTLVZvFM&t=89s